MES TEXTES

Âgée d’une dizaine d’années, assise par terre, calée contre ton lit dans la pièce qui te sert de chambre, tu dévores la Mare au diable, La petite fadette autant de paysages que tu parcoures le dimanche avec tes parents.

Un dimanche de juin 1986 ; Je visite la maison de George Sand à Nohant dans l’Indre avec Sabine, joyeuse. Elle pose des questions sur les bois composant la table ovale de la salle à manger sur laquelle trône un énorme bouquet de lupins jaunes, roses, violets, rouges, qui se reflète dans la glace et irradie la pièce ensoleillée. Elle poursuit le guide pendant toute la visite, des cuisines, des chambres au bureau de George Sand, dans l’escalier peint par Maurice, son fils, qui avait aménagé une salle de spectacle dans le grenier ainsi qu’un théâtre de marionnettes. Puis, nous flânons dans le jardin.

Le cloître de l’abbaye de Noirlac, proche de Nohant, éclairé de dizaines de chandelles jouant sur les visages des adhérents du Rotary, dégustant un repas entrecoupé de nos chants, nous, chorale des lycées de Bourges revenant d’un concert salle Pleyel, à Paris en janvier 1963. À La pêche aux moules revu par Francis Poulenc, succèdent Ô nuit de Rameau, solo superbe de Christine, mezzo à la voix douce et voilée, accompagné par l’ensemble des choristes bouche fermée, puis un choral de Bach et enfin le final du Messie de Haendel : les fourchettes et les couteaux arrêtent leur ballet. Silence : le chant envahît le cloître roman.

Je viens de planter le rosier arbustif George Sand, aux fleurs crème ourlet de rose carmin, rosier cadeau, dont le parfum subtil, suave et poudré embaume le printemps de mon jardin en mai 2012. Ses grandes fleurs sont à hauteur de nez des amis qui prennent leur café à l’ombre naissante du liquidambar et qui balaient du regard cet espace du jardin où se côtoient une trentaine de rosiers, roses, blancs, rouges, et des rhododendrons rouges, et deux camélias rouges, une viorne « boule de neige », et des elæagnus jaunes et argentés se mêlant aux cotoneasters, et un trio composé d’un albizzia, d‘un magnolia rose et d’un lagerstrœmia aux fleurs framboise, et de hautes vivaces tels les asters, des rudbeckias pourpre, et des hellébores aux fleurs blanches, vertes, violettes foncées, roses-vertes, et des hostas panachés.

Le doigté de François Duchable sur les touches du Steinway, la Polonaise héroïque, la 2ème et la 4ème Ballade au théâtre d’Auxerre en 2004. Des larmes sur mes joues. Beauté de la musique, virtuosité sensible de l’interprétation d’œuvres composées par Chopin pendant ses années passées en Italie avec George et à Nohant.

« Écoutez ; ma vie, c’est la vôtre ». George Sand, dans ses Mémoires.

Ma vie avec George Sand, janvier 2015. «Eclats de vie» 2012-2025.
Dominique Gressin